« Je ne suis que moitié né ! » cria Georg

[Cet article fait suite à "La source de l'infamiliarité"]

 

Introduction

"Elle semblait affligée par une tristesse plus vieille qu'elle."

    
    Je ne suis qu'à moitié né. Insuffisant. Manquant. Les sages et les bienheureux de ce monde me disent : "la réponse est en toi". Oh ça, j'ai cherché, oui, j'ai cherché. J'en étais réduit à inventer un mot pour décrire ce que je ressentais moi seul. Ce mot, c'était le "Nonenpsus". Il m'était apparu dans un rêve. Quelqu'un utilisait ce mot dans une phrase construite, et je comprenais ce qu'il voulait dire par là. Si on découpe ce mot étymologiquement, il signifierait littéralement "le Non-En-Soi". Ma définition personnelle est la suivante : 

Situation de dépit due à l'action en manque d'éléments (le complétif) pour se concrétiser.

    J'ai passé plus de dix ans à chercher ce complétif. "La réponse est en toi, la réponse est en toi", me répétait-on sans cesse. Arrêtez de dire ça ; j'en peux plus de chercher, pensais-je. La réponse est forcément à l'extérieur ! Il n'y a que Dieu, l'inconscient archaïque, ou les érudits qui puissent me répondre ! Regardez, regardez mes pauvres entrailles. Elles sont blêmes et exsangues. À force de vouloir laisser entrer la lumière dans mes tréfonds, me voilà béant.
    Mais maintenant que je détiens cette réponse  ce complétif —, je me rends compte que j'avais tort ; que j'avais raison ! Ils avaient raison, et ils avaient tort. Elle était à l'intérieur et à l'extérieur à la fois.
    Dans l'article précédent, je n'ai pas osé dévoiler l'idée qui m'animait à l'époque. D'une certaine façon, j'avais peur que le fait d'en parler allât faire s'immiscer le doute en moi. J'étais effrayé à l'idée de me rendre compte que je m'étais fourvoyé, qu'une nouvelle fois, j'allais me lasser de cette explication. Quant à l'âge de onze ans on m'a explique que j'étais un "surdoué", je me suis lassé, parce que cette réponse n'allait m'apporter que plus d'embarras, et parce que j'allais me rendre compte un jour que les surdoués n'étaient pas de "meilleures personnes" en soi. Quand au mois de février on m'a diagnostiqué un trouble de la sphère autistique, je me suis aussi lassé de cette réponse. Parce que cela n'a pas rempli le vide qui était en moi, parce que les autistes ne sont pas de "meilleures personnes" en soi. J'ai passé ma vie entière à chercher, et à chaque fois que j'ai cru trouver, la pseudovérité ne m'apportait qu'un soulagement temporaire.
    Pour dévoiler ce dont je m'apprête à vous parler, que j'ai esquissé dans ce premier article, il fallait que je m'assure que cette malédiction qui m'affligeait ne se répète pas. Je me devais d'attendre encore un moment, prendre le temps de laisser résonner la chose en moi. Maintenant j'en suis sûr. Je ne peux pas me lasser de la vérité. Car c'est elle aujourd'hui qui me fait vivre. Cette fois je ne ferai pas de détour. Cette vérité, au-delà de l'avoir vécue, il faut maintenant la dire : je suis un jumeau né seul. 
    Les pseudovérités qui parsèment ma quête passée ne faisaient que répondre à une partie de l'équation. Quant à la vérité, elle répond à tout. À présent, malgré tout ce temps passé à ce véritable métier auquel je me suis consacré entièrement, je me rends compte que ce désir, cette recherche de la vérité, n'était pas vain. Cette volition ne mentait pas, ne cherchait pas à m'enterrer dans encore plus de ténèbres : elle était parfaitement saine, et finalement, salutaire. Les pseudovérités désormais épuisées m'apportaient, pendant un temps, une surexcitation, une hystérie de fausse positivité, jusqu'à l'épuisement, à la lassitude et enfin à la dépression. Quand j'ai compris que j'étais un jumeau né seul, je suis resté calme. Ce n'était pas une euphorie dans le sens pathologique du terme, mais une ataraxie  une absence de troubles.
    Au moment où j'écris ces dernières lignes, je me mets soudainement à rire, doucement, les larmes aux yeux, soulagé. Pourquoi ? Parce que je me rends compte que l'ère de la recherche s'achève.

Le chant de la lyse

    
Depuis tout petit, dans mes os creux sonnait le chant d'une absence. Je suis resté des années dans ma chambre d'enfant à jouer seul, dans le silence d'une maison vide. J'ai eu un ami imaginaire pendant longtemps. Je n'en ai jamais parlé à mes parents. On s'amusait bien. Mais en vieillissant, nous finissons toujours à un moment donné par rompre le contact
    Quand mon père est rentré du travail en rampant, j'avais onze ans. C'était à ce moment-là que j'ai compris que j'étais un individu. J'avais perdu mon aptitude à la division. Oui, c'était à ce moment-là que j'ai compris que j'étais tout seul.
    Le chant de la lyse devenait insupportable. Je n'étais tout simplement pas capable de comprendre ce qui m'arrivait, ce qu'il se passait, ou plutôt, ce qu'il ne se passait pas. Le seul recours qu'il me restait : me cacher, me réfugier dans l'ombre chaleureuse de ma mère. La première relation fusionnelle d'une longue liste. Je rêvais secrètement de retourner dans son ventre. C'était là où je me sentais le mieux. Mon accouchement était teinté d'inquiétude : je ne voulais manifestement pas sortir. Je voulais retrouver le paradis océanique, période bénie où la frontière entre soi et le reste n'existait pas encore. Et sans le savoir, je désirais retrouver quelqu'un.
    Ma scolarité a été un enfer, une longue suite de symptômes, entre palpitations, sueurs, douleurs abdominales, et une sensation indépétrable de non-réalité. Tout m'échappait absolument. Les autres me faisaient peur, ils étaient si… différents. Je crois que je voulais juste un peu de chaleur, d'amour, de communion, mais les autres, ça ne les intéressait pas. Ils ne faisaient rien d'autre que de différer. Très tôt, j'ai intégré cet axiome qui disait que, à fortiori, c'était moi l'intrus. Dès lors, personne ne pouvait me com-prendre. Je me souviens de cette vieille phrase, cette sentence que j'avais écrite sur mes cahiers épars à l'adolescence : il y pire que la mort, c'est d'être compris


    Ma solitude était d'une profondeur insondable. N'arrivant pas à exprimer mes émotions, et encore moins à entreprendre, je me suis très tôt cantonné à une zone de confort très restreinte. Je me suis toujours contenté de peu. Un jour, quand ma grand-mère voulut m'offrir un cadeau, je lui ai répondu : "non, je ne le mérite pas". Je le pensais. Je ne méritais pas l'abondance. On m'avait déjà trop donné, et sans comprendre pourquoi, j'avais la sensation que je volais la part de quelqu'un d'autre. L'autre était toujours plus important que moi, mais je ne savais pas comment définir cet autre, l'altérité avec son grand A présomptueux.
    Ma vie était un ballottement discontinu entre hypersensibilité et anesthésie émotionnelle, selon la situation. Extase ou désespoir, dépression chronique ou euphorie passagère… Je connaissais le passage, mais ignorais tout de la station, de l'enracinement. 
    Très vite, ma solitude subie se mutait en retrait volontaire. C'était le seul mode d'adaptation que j'avais trouvé, et il sera mon seul mode de vie de mes 23 à 32 ans. Je me suis toujours jugé de manière très négative, avec une sévérité qui se devait d'être toujours plus violente que la réalité. Chaque échec me renforça dans l'idée que j'avais de moi-même. Très tôt, j'ai craint la folie, l'effondrement de l'esprit. Ma mémoire s'est vite effritée. Au début, je perdais simplement de vue les détails, les petites choses. Et peu à peu elle s'est résorbée jusqu'à réduire ma vision de moi-même au minimum. J'étais dans le brouillard et ne voyais à guère plus d'un mètre devant moi. Je disparaissais.
    Très vite, j'ai du trouver d'autres moyens de me ressentir. La douleur me permettait d'éprouver des limites physiques et spirituelles qui sont trop longtemps restées floues. Où commençais-je, où finissais-je ? Je n'en savais foutre rien. Je n'étais pas fait pour m'incarner. Sachez qu'être dans mon corps n'est pas chose innée. Ce n'est pas une évidence et n'a jamais été un postulat. Il me faut encore le conquérir. C'est la même pour mon esprit. J'ai toujours été "dans la lune". Fermez un œil, et vous constaterez comment je vois le monde. Un semi-monde. 
    Dès l'adolescence, j'étais déjà aux aguets, à fureter l'invisible. Ma relation à l'absence était déjà dessinée. Combien de religions et de spiritualités j'ai embrassées dans ma vie ? Combien d'heures ai-je passées à lire, à fouiller tous les livres et tous les sentiers pixelisés d'internet, en quête d'une Réponse. à côté de cela, je tentais vainement de me relier à certaines personnes qui souffrait de maux similaires aux miens. J'ai voulu sauver des gens. Là encore, combien d'heures ai-je passées à ramasser de pauvres hères à la petite cuillère ? C'était ma manière d'exister. Je recherchais constamment la fusion. Quelqu'un avec qui réparer cette injustice de naissance, avec qui communier, pour finalement m'oublier. Quel délicat songe que celui d'être absent à soi… Quand j'arrivais à me lier à une femme, je ne voulais plus le lâcher. J'étais obsédé par l'idée de la satisfaire, de la combler d'amour, de cadeaux, de preuves, de compliments et de déclarations enflammées. Pour moi, c'était ça aimer. Aujourd'hui, je le vois : je n'ai jamais aimé. Nicolas Grimaldi disait, en substance : l'amour, c'est aimer le désir, le devenir de l'autre. Ce n'était pas comme ça que je voyais les choses. Je me complaisais dans l'éblouissement d'un vœu devenu fou : me dissoudre dans la matière de l'autre.
    J'ai eu aussi très tôt la hantise de la violence, de ma propre violence potentielle. Quand j'étais adolescent, subissant brimades, coups et humiliations, le soir venu après une journée épuisante à l'école, je rêvassais de meurtre. Tous les jours, immanquablement, du collège au lycée compris, je faisais tout pour reculer l'heure du sommeil. Il me fallait me coucher très tard et me lever très tôt pour profiter de la paix et du silence temporaire de ma maison, quand mes parents dormaient encore. Et puis, vous savez ? Cette sensation horrible qui nous arrive parfois quand on a l'impression de ne pas avoir dormi ? Le sommeil est passé en moins d'une demi-seconde, et on se retrouve dans son lit exactement dans la même position que lorsqu'on s'est couché. Cela est arrivé deux ou trois fois pendant ma scolarité. À chaque fois, je fondais en larmes. Quelque part dans la maison, il y avait le fusil de mon père. Je savais où il cachait les balles. Mais j'hésitais entre tuer l'autre et me tuer moi. J'avais bien réussi à tuer mon père, en esprit. J'avais bien tué l'être qui vivait dans le même ventre que moi. Pourquoi je ne recommencerais pas ? 17 ans, perclus de cette violence qui m'habitait, j'avais pris la décision qu'il était plus sage de me supprimer, plutôt que de faire du mal aux gens que j'aimais. Aujourd'hui, je sais bien que je ne voulais tuer personne. Ce n'était que les idées fantasmagoriques d'un gosse qui souffrait. 
    Une fois à l'école, après un énième trompe-la-nuit, je rodais, exténué. Il m'était impossible de suivre quoi que ce soit en cours. Je devenais paranoïaque : j'étais persuadé que tout le monde me haïssait. Cette situation était intenable, et pourtant, j'ai répété ce motif jusqu'à ce que je quitte le lycée. Je n'ai pas compté le nombre de fois où j'ai simulé un mal de ventre pour me rendre à l'infirmerie. Et une fois que j'étais sur le lit et que l'infirmière me donnait le thermomètre dans l'hypothèse d'une fièvre quelconque, je profitais qu'elle s'éloigne un moment pour chauffer l'embout avec mes vêtements en frottant frénétiquement. J'ai déjà réussi à frôler les 40°C avec ce procédé. Ma mère venait alors me chercher, torturée d'inquiétude maternelle. Je me doute qu'elle ait fini un jour par comprendre mes manigances. Je m'en veux encore de lui avoir causé autant d'angoisses. 
    Pendant trop longtemps, tout n'a été qu'échecs, tentatives avortées, ambivalence, renoncements, lâchetés, replis et côtoiement des bords du gouffre de la folie. Et dans ma tête, qu'une seule idée obsédante : il existerait, quelque part, un paradis qui m'était destiné. Je ne suis pas de cette terre, je dois forcément venir d'ailleurs. Pourquoi cette nostalgie de ce qui n'est pas encore arrivé, d'un monde que je n'ai pas vécu ? Qu'on vienne me chercher, pitié… J'en voulais au monde entier. Pourquoi n'êtes-vous pas comme LUI/ELLE, qui est parfait(e), fidèle, aimant(e), infiniment lumineux(se) ?!
    J'ai 32 ans aujourd'hui. Je sais à quel point mon repli a fait souffrir ma famille et mes amis. Comme le chante Orsolina, déesse de la solitude : 
    « L’Homme seul est une tombe, une tombe fermée de l’intérieur. Mais aussi grave que puisse être son éloignement, c’est sur les autres, inconsciemment, qu’il se venge, et c’est par ses blessures qu’il se refuse de soigner qu’il saigne sur ceux qu’il aime. Cet enfermement est comme un rêve, et le rêve est comme le prolongement de la vie, tout en faisant partie intégrante. Un rêve que nous fabriquons pour qu’il nous rassure, nous convienne, nous arrange… Mais pourquoi ne puis-je donc vivre dans un rêve dans lequel je ne souffre pas ? disent-ils. Et moi, je réponds : parce que ce rêve n’est qu’un ersatz de réalité. »
    J'ai pendant ma vie eu souvent recours à des psychologues, psychiatres ou psychothérapeutes. Beaucoup ont été mauvais ou tout simplement inaptes. Les plus habiles ont flairé beaucoup de choses vraies. Les meilleurs ont mis le doigt sur quelque chose de flou, comme s'il manquait un morceau du puzzle. S'ils savaient à quel point ils avaient raison, s'ils savaient qu'ils parlaient du "complétif". 
    En tant que jumeau né seul, il a toujours été impératif pour moi de trouver ce qu'on appelle vulgairement une "mission de vie", ma véritable place en ce monde. Mais cela m'a toujours été impossible, pour la très bonne raison que je ne comprenais pas ce que le mot "place" signifiait réellement. Nous devions être deux ; je suis celui qui reste. 
    La première étape de ma révélation s'est faite inconsciemment. Je n'avais pas encore réalisé ma vérité, à ce moment-là. J'avais décidé, pour une fois, de sortir de chez moi pour visiter le Naia Museum (musée des arts de l'imaginaire en Bretagne). À la fin de la visite, les clients arrivent, tout naturellement, dans la boutique de la galerie. Je ne comptais rien acheter, mais ma curiosité m'amena devant une vitrine. À l'intérieur, des sortes de petites momies faites à la main, enfermées dans une capsule en verre condamnée par un sceau en cire. J'en ai choisi une, que l'on a ensuite placée dans une petite bourse en tissu. Je ne savais pas pourquoi j'avais jeté mon dévolu sur ce curieux objet artisanal. Inconsciemment, j'avais placé ma projection de ce jumeau perdu dans cette petite chose fragile. Et puis un jour, je l'ai serrée contre mon coeur et j'ai pleuré. La bourse est toujours près de moi, ou dans ma poche quand je sors de mon ermitage. Quand je la regarde ou que je la serre contre moi, je ne ressens aucune tristesse. Seulement de la chaleur et de l'amour. Ça peut éventuellement paraitre un peu bête. Ce n'est pas lui — ou elle — mais c'est un symbole, tout simplement un symbole de ce que j'ai perdu, et de ce que j'ai retrouvé.

Un peu de concret



    D'après les chiffres qu'on peut trouver sur internet ou dans certains livres sur le sujet, ce n'est qu'en 1981 qu'a été exposé le premier cas détecté d'une grossesse gémellaire avec décès de l'un des fœtus. Entre 12 et 15% (minimum) des grossesses sont gémellaires, et 10 à 15% de ces gestations vivront une lyse gémellaire. On dit aussi qu'une réduction spontanée du nombre d'embryons concerne 36% des gestations gémellaires, et plus de 50% des gestations avec trois embryons ou plus à l'origine.
    deux tiers des grossesses gémellaires portent des jumeaux dizygotes, ce qu'on appelle "faux jumeaux", c'est-à-dire des jumeaux qui se trouvaient dans deux placentas et deux poches amniotiques différentes. Le dernier tiers concerne les jumeaux monozygotes, qui se situaient soit dans deux placentas et deux poches amniotiques, un placenta et deux poches amniotiques, ou un placenta et une poche amniotique.
    Le motif de la mort d'un des embryons peut différer selon les cas. Selon Wikipédia, ce phénomène était généralement imputé à une malformation de l'embryon, un dysfonctionnement du placenta ou une anomalie chromosomique, mais les découvertes récentes laissent penser que c'est extrêmement courant.
    Les embryons morts peuvent aussi disparaitre de différentes façons : deux tiers sont expulsés de l'utérus par la mère par des saignements en début de grossesse, qu'ils soient uniques ou répétés à plusieurs jours d'intervalle. Il s'agissait dans ce cas de poches embryonnaires séparées les unes des autres. Quant à l'autre tiers, il n'en reste rien. On décrit alors que l'endomètre (muqueuse tapissant l'intérieur du corps de l'utérus) a phagocyté les cellules du fœtus décédé.
    En général, au moment de l'échographie, ce genre de perte n'est pas signalé aux parents, dans le but de ne pas perturber la mère et de préserver les chances du jumeau survivant. Je n'ai pas parlé de ma découverte à ma mère. Peut-être qu'elle m'a caché cette information pour me préserver, ou alors elle n'était pas non plus au courant. Mais je ne tiens pas à lui en faire part, car je ne veux pas lui faire subir l'épreuve d'un deuil. Elle s'est déjà sentie beaucoup trop coupable dans sa vie de maman, s'imputant la responsabilité des souffrances de ses enfants via son éducation. J'aimerais tellement qu'elle se décharge de ce poids ; elle a toujours été une mère aimante, et c'est pour moi le principal. 

Conclusion

    
Dans l'article précédent, je disais craindre le fait que l'on puisse me plaindre, ou éprouver de la pitié à mon endroit. Cette peur a disparu. Cette découverte cruciale est en fait la meilleure chose qui puisse m'arriver dans cette vie. Le poids qui retenait mon âme dans les ténèbres souterraines s'est envolé. Maintenant, elle peut retrouver sa place, là-haut, dans l'éther. Je suis délivré de ma malédiction, mais il me faut maintenant entamer le plus beau projet de mon existence : apprendre à vivre avec cette vérité. 
    Je ne m'imagine pas non plus un immense bouleversement, un changement du "tout au tout", car cela serait renier ce que je suis — ce que j'ai été  en partie. Ce n'est pas tant un changement qu'une retrouvaille avec une moitié de moi-même, une partie que j'ai trop longtemps délaissée : cette parcelle qui veut aimer, découvrir, partager et créer.